Biographie

  

François Ferenc JELENA  Peintre, Graphiste, Sculpteur, Poète

Président-fondateur des Salons Libres Européens
Paris*Le Raincy*Villemomble*Ile de France*France*Europe*
Président, ensuite Président d’honneur du Groupe des Beaux-Arts du Raincy, Villemomble et Environs
Président-fondateur de l’ArtSocial - Ile de France,
Cofondateur des Salons franco-allemands, Fondateur des Salons franco-italiens
Ancien Directeur artistique, Ancien Directeur de la publicité, Ancien Directeur de deux magasines mensuelles et Rédacteur en chef - Journaliste, titulaire de carte de presse  
Auteur, co-auteur, co-éditeur de six ouvrages (poésie - anatomie, musculation et diététique)
Médaillé de la Ville du Raincy et d’Art, Sciences et Lettre
Médaille d’or Mérite et Dévouement Français
Grande médaille d’or de la Fondation Casanova
Études des Beaux-arts (peinture, sculpture, dessin) - Budapest, 
Duperré, Ecole Supérieure des Arts Appliqués, Expression Visuelle - Paris,  
LEP d’Art Graphique, Corvisart - Paris    -    Peintre en Lettre, PAO, Bureautique
Professeur, Animateur d’Art et d’Expression Visuelle

EXPOSITIONS :
Depuis 1980 Budapest, Saarbrücken (D), Charleroi (B), Nancy, Paris-10ème, Amiens, Chalon sur Saône, Nancy, Angoulême, Sélectat, Kehl (D), Paris-4ème,  St Germain en Laye, Celle St Cloud, Paris-10ème, Paris-4ème, Celle St Cloud, Charenton, Paris-6ème, Drancy, Paris-8ème, Montpellier, Poussan, Paris-16ème, Drancy, Charenton, Paris-10ème
Depuis 2002 Le Raincy, Montfermeil, Gournay sur Marne, Clichy sous Bois, Le Raincy, Provins, Drancy, Paris-Bastille,  Le Raincy, Montfermeil, Clichy sous Bois, Provins, Berlin (Kunstkreis), Le Raincy, Pavillon sous Bois, Paris-Bastille, Berlin, Le Raincy, Paris-9ème, Dugny, Clusone (I), Montfermeil, Bry sur Marne, Livry-Gargan, Clichy sous Bois, Epinay sur Seine, Le Raincy, Gagny, Drancy, Paris-Bastille, Le Raincy, Bry sur Marne,  Drancy, Gagny, Paris-9ème, Bry sur Marne, Epinay sur Seine, Montfermeil, Le Raincy, Gagny, Paris-7ème,  Epinay sur Seine, Le Raincy, Villemomble, Livry-Gargan, Paris-9ème, Prayssac, Cannes, Rosny sous Bois, Villemomble, Le Raincy, Berlin Kunstkreis(Curateur), Bonn (D), Gagny, Villemomble Salon Paneuropéen (Curateur), Le Raincy, Zalaegerszeg (H), Bergame (I) (Curateur), Berlin: Galerie Alte Schule (Curateur), Berlin Galerie 15, Berlin Palast Galerie (Curateur), Bonn/Hardtberg (D) (Coorganisateur), Salon Paneuropéen ; Villemomble-Château, Wien-Schönbrunn.   

L’art de François Ferenc Jelena : un arbre à trois racines (Première partie)

L’art de François F. Jelena a trois assises, comme un arbre qui a trois racines principales qui fondent et construisent le tronc qui s’épanouit en couronne, en branches, formées par ses œuvres : tableaux, dessins, sculptures, poèmes, entre autres…
Les trois fondements, les trois racines sont : l’expressionisme, le surréalisme et le symbolisme. Tous ensemble représentent notre siècle, nos siècles passés, comme les grands maîtres: Van Gogh, Gauguin, Picasso, Matisse, Dali, Klimt, Schiele, Nolde ou Magritte qui forment plusieurs branches de l’art…François F. Jelena a démarré son oeuvre par le langage de l’expressionnisme, influencé par le surréalisme et le dadaïsme, avec, en complément, le symbolisme, plus épique, plus littéraire ; une démarche qui a des choses à dire…
D’autre part, tel un fil d’Ariane, un lien apparait autour du tronc de l’arbre, le contourne en montant et se fondant dans la couronne où les feuilles se mêlent : ce lien et liant est son art érotique.
LES MAÎTRES, LES LIEUX ET LES RÉFÉRENCES

Marc CHAGALL et ses œuvres furent la première grande référence pour François F. Jelena qui prononçait, tel son maître, avec une résonance magique : « Csókakő est mon Vitebsk» disait il en parlant de son village natal, cet endroit à la fois magnifique et chargé d’histoire. Cette beauté et force de la nature faisait peur tout en provoquant une grande excitation… Quand l’éclair se dessinait dans le ciel, accompagné par d’assourdissants coups de tonner, comme un final de Wagner ou de Liszt … ou quand les champs proposent la plus jolie des palettes et que chaque fleur devient une couleur sur celle-ci...Tout ceci, il le note dans son carnet imaginaire pour jusqu’à la fin de sa vie… Autre magnifique tableau, celui des jeunes femmes travaillant à côté des jeunes hommes sur la batteuse. Le corps musclé et bronzé des hommes, torse nu, sous la chaleur, celui des femmes portant une robe légère, transparente sur la peau, par la transpiration et le vent : leurs corps bougent, elles se penchent, leurs poitrines dansent et leurs grands décolletés sont dévoilés. Le tissu colle à la taille, et se glisse entre les fesses bien rondes. Nous, les presque adolescents, pourrions les regarder pendant des jours,effectuant cette danse de séduction et d’érotisme où ils font l’amour sans se toucher tout en assumant ce travail terriblement dur, sous la canicule, dans la poussière, avec des glumelles de blé qui piquent et les tiges qui coupent. Ils rient, oubliant la douleur et la fatigue et quand les couples se forment, la nuit, d’une manière discrète, devant nos yeux grands ouverts, on cherche l’angle idéal en attendant…la générosité du vent : qui nous montrera pour une dixième de seconde « La Merveille » la fleur noire, au fond des cuisses bien galbées. On découvre aussi, dans la culotte large des hommes une « étrange darde » qui nous attriste, nos douze années s’indignent : ça ressemble à la nôtre mais mon dieu ! Quelle différence…
Comme Chagall, François F. Jelena sait faire partager ses sentiments au travers de couleurs très vives et pleines de légèreté ; ainsi un de ses tableaux préférés (Csókakő, mon Vitebsk) représente l’église, le Christ sur la croix, La Vierge avec son enfant, le jardin-cimetière, sur les croix des tombes les « tristes dates » de l’histoire, tragique comme 1956…
« Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière » (Marc Chagall). Les vaches sont dans l’herbe mais parfois au ciel, la chaleur d’été, torride, et l’orage violent au dessus de la montagne redessinent la réalité.
L'artiste semble se poser en observateur du monde, d'un monde richement coloré comme vu à travers des vitraux, éléments de ses tableaux comme son œuvre fétiche, « La Femme éternelle »
Dans « Ma vie », Chagall raconte son enfance, sa jeunesse et ses années d'apprentissage. Comme lui, François Jelena sera marqué par le milieu où il grandit, entre son père qui met le tâte-vin dans les tonneaux, coupe les vignes en deux bourgeons, tue le cochon… Mais chante aussi à l’église avec une voix de cristal-ténor, proche de Pavarotti, secondé par sa mère, puissante soprano… Les cloches tintinnabulaient, dominant l’édifice. Comme Marc Chagall à propos de sa mère François F. Jelena pouvait prononcer ces paroles : "Je voudrais dire que c'était quelque part en elle (et en lui) que s'était caché mon talent, que c'est par elle (et par lui) que tout m'a été transmis."
Dans ses tableaux passent d'étranges personnages aériens, hors du temps et d'autres, bien concrets, qui nous émeuvent et parfois nous font rire : les oiseaux magiques, comme l’oiseau d’amour, le cheval et le cerf avec grâce et beauté, la petite fiancée, rêvant ou trouvant ses plaisirs, le couple d’amour, les femmes et les hommes qui cherchent ou qui se cherchent et en toile de fond : les motifs caractéristiques de l'art populaire hongrois comme l'oiseau et les ornements floraux. Des ouvrages poétiques et tendres, qui échappent au temps.
Le parallèle avec Chagall est frappant ; comme lui, il a connu et visité à peu près tous les courants de l'art moderne mais François Jelena n'obéit à aucun critère d'école, de groupe ou de mouvement. Le plus souvent autour d'une figure centrale, celle du poète ou du peintre la palette à la main, il suscite un monde de fantaisie, « un univers magique », pour reprendre l'adjectif qu'André Breton emploie pour qualifier cet art. Peut-être est-ce pour cela qu'il est souvent perçu comme un satellite libre du mouvement surréaliste.
Marqué par la tradition populaire et le folklore paysan/viticulteur, il élabore une iconographie très personnelle autour de figures récurrentes et d’éléments de nature reformés, recolorés, déracinés : la pomme devient bleue, la poire épouse la forme de la séduction, en « fess-tival », l’arbre vole comme un oiseau et l’oiseau devient le message du cheval bleu en annonçant l’arrivée de son amour la rose, et les roses en fleuve deviennent chevelure encadrant un visage d’amour entourant des seins de madone, le clown, l'acrobate-danseur, le Christ, les amoureux, l’aigle… qu'il agence dans ses toiles de manière à restituer ses états d'âme, et notamment son angoisse à l'aube de la « Troisième Guerre » qui, heureusement n’aura jamais lieu. La richesse poétique, le merveilleux de son œuvre et l’orgie des couleurs…« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. » - comme disait Marc Chagall ...
Autre maître qui a influencé François Jelena, celui qui était adoré et qui a doré sa peinture c’est évidemment Gustav KLIMT, ce peintre symboliste autrichien, issu de la Monarchie Austro-hongroise est l'un des membres les plus en vue du mouvement Art nouveau de Vienne. Peintre de compositions à personnages, sujets allégoriques, figures, nus, portraits, paysages, dessinateur, décorateur, peintres de cartons, de tapisseries, de mosaïques, céramiste, lithographe….
Il s'intéresse davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il réalise des portraits de femmes de grandes dimensions avec des compositions richement décorées pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui fait des commandes, et il réalise aussi de nombreuses scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspective, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle. Il reprend le titre de décorateur « fin de siècle », de peintre de l'intelligentsia autrichienne et d'inventeur de l'art décoratif. Comme lui, François Jelena a réalisé plusieurs travaux de décoration, notamment à La Mission Catholique Hongroise, après son arrivée en France en 1980. Deux salles présentent ses travaux suivant le style de l’art populaire hongrois : le cœur, la tulipe et l’oiseau comme motifs choisis… On parle de Klimt, donc son ami et idole (et réciproquement) Schiele ne peut pas être trop loin… Celui-ci possède un style très net, avec un trait marqué, énergique et sûr, parfois même violent. La connaissance du corps humain d’ Egon Schiele est d'autant plus remarquable qu'il ne fait pas disparaître le squelette sous la chair, il le dessine dans la logique de ses mouvements et postures et lui donne ainsi trois dimensions, au lieu que ce soit deux, comme c'est souvent le cas chez d'autres artistes. Ses portraits et ses nus sont en outre saisis dans des poses insolites, voire caricaturales, Egon Schiele ayant étudié les attitudes de certains déments dans un asile psychiatrique, ainsi que les positions des marionnettes manipulées, ce qui donne cet aspect « désarticulé » propre à certains de ses personnages et à son art. La folie était attirante, et elle a attiré l’attention de…François Jelena qui a volontairement visité ces lieux où la vie de certains malades, souvent débordant de talent et de passion, prennent une voie spéciale, souvent sans issue, une voie « aveugle »… Son carnet était rempli d’histoires qui racontaient leur vie d’internés, la structure, l’organisation, les hiérarchies, soit intellectuelle ou financière et même les soirées déshabillées et sensuelles…
L'œuvre de Schiele occupe également une place essentielle dans l'histoire des relations entre art et érotisme. Certains de ses nus prennent des poses explicites : par exemple, le modèle de « Vu en rêve » ouvre son sexe face au spectateur. L'artiste a aussi largement traité le thème de la masturbation féminine et masculine dans des œuvres que l'on pourrait qualifier de pornographiques encore aujourd'hui (L'Hostie rouge, Éros ou Autoportrait se masturbant). L’exposition rétrospective de François Jelena au Raincy, en 2002 a subi des censures à la suite des demandes officielles concernant certaines œuvres, elles étaient retirées et seulement partiellement exposées.
Enfin, il faut souligner la part allégorique de l'œuvre de Schiele. Les titres de certains tableaux (Agonie, Résurrection...) et certains de ses propos abondent dans ce sens. Schiele affirmait le rôle spirituel de l'art, il disait en 1911 que ses œuvres devraient être exposées dans des "édifices semblables à des temples".
Les allégories de Jelena se construisent au tour du couple, de leurs fusions, du désir d’harmonie. Ils se touchent, ils aiment et ils se désirent faisant souvent l’amour.
Le célèbre tableau La Famille (1918) affirme cette part allégorique : Schiele se représente avec femme et enfant alors même qu'il n'est pas encore père (et ne le sera jamais) ; cette œuvre n'est donc pas réaliste : elle se rattache, entre autres, à la tradition de la Sainte famille. C’est le contraire chez Jelena, marié et père de trois garçons ; à part un portrait de son benjamin, Christian, la famille, elle, est absente. Seul existe un portrait, certes intéressant, de son ex-femme, mais qui est froid, pittoresque et caricatural. Le troisième viennois, Oskar Kokoschka complète la palette autrichienne (touche tchèque). Son influence était déterminante dans la construction de Jelena ; cette force à la fois décadente et révoltante en affichant la souffrance, est entrée en lui pour toujours. Une de ses premières grande toile en est un exemple : le buste d’un homme entouré et menacé par les flammes veut casser sa chaîne en la tirant et, de fait, s’étouffe par celle-ci. Le visage et sa douleur ainsi que la posture du corps affichent le pur expressionnisme.

Vienne et Budapest, Budapest et Wien…
Wien, une cité en pleine mutation. Aborder Vienne au tournant des XIXème et XXème siècle, c'est en montrer l'effervescence et les bouleversements que connaît la capitale de l'empire austro-hongrois. Or, c'est au niveau culturel que ces changements se font le plus ressentir. En 1897, une association nommée Sécession voit le jour à Vienne. Elle réunit des artistes dont l'objectif est de sortir des règles fixées par l'enseignement académique et de présenter de nouvelles formes artistiques. Les Sécessionnistes ne veulent pourtant pas mener une quelconque révolution, ils souhaitent seulement faire évoluer leur art tout en préservant leur héritage.
La Sécession viennoise fut officiellement fondée à Vienne en 1897 dans le cadre de l’association des artistes plasticiens d’Autriche qui avait pour but de :

 réunir les forces créatrices de ce pays
 instaurer des contacts avec les artistes étrangers
 prôner un échange international des idées
 lutter contre l’élan nationaliste des pays européens
 renouveler les arts appliqués
 créer un art total
 opposer une nouvelle expression artistique véritable à l'art défraîchi des salons officiels

C’était naturel pour François Jelena de poursuivre leurs revendications en créant ’« ArtSocial » en 2005 et « Salons Libres Européens » en 2007 comme président- fondateur…
La Sécession viennoise (Sezessionsstil ou Wiener Secession en allemand) est un courant de l'Art nouveau qui s'est épanoui en Autriche, plus particulièrement à Vienne, de 1892 à 1906.
Ce courant de l'Art nouveau est moins végétal et plus « géométrique » que l'Art nouveau en France ou en Belgique.
A travers les tableaux et les dessins, provenant tous de collections étrangères, imaginons une exposition qui dresse le portrait des principaux acteurs de la Sécession Viennoise que sont Klimt, Schiele, Moser et Kokoschka. Les œuvres présentées, toutes réalisées entre 1890 et 1918, donnent ainsi un large panorama sur cette évolution qui toucha le langage pictural autrichien.

Ces quatre artistes ont eu une influence évidente sur François F. Jelena, il faudrait même plutôt utiliser les mots : héritage ou voisinage… Afin de retracer au mieux le parcours de ces peintres de renom et de ce mouvement, cette présentation, comme une exposition a été divisée en trois sections correspondant aux codifications traditionnelles de la peinture : histoires, paysages et figures. Quand les groupements thématiques ne suffisant pas, des affinités plastiques ont également été favorisées. Des critères strictement formels ont donc permis de mettre en valeur les multiples facettes qui firent le succès des "Sécessionnistes" le tronc d’arbre imaginaire…

Histoires : témoin de l'évolution du vocabulaire formel…
Commencer cette exposition spirituelle par une section sur la peinture d'histoire n'a rien d'exceptionnel. Cela répond tout simplement à l'ancienne hiérarchie des genres picturaux. Les œuvres exposées dévoilent la primeur de la science de la composition à laquelle ces peintres sont parvenus. L'intérêt pictural est en effet supérieur au contenu même du tableau. Ces artistes ont donc pour ambition d'atteindre un art monumental. Pour cela, Klimt et Kokoschka se sont fondés sur des motifs classiques empruntés à la mythologie grecque ou à la religion chrétienne. Les œuvres historiques, comme Pallas Athénée peinte par Klimt en 1918, suit la loi de la frontalité. Ce tableau au format carré s'impose dès l'arrivée du visiteur dans la première salle de l'exposition. La déesse protectrice des arts tient dans sa main la sculpture de la vérité nue au lieu de la victoire. Cette métaphore du triomphe de l'avant-garde sur le passé, très critiquée lorsqu'elle fut présentée en 1898, devient alors le symbole de la Sécession viennoise. Klimt joue donc plus sur l'allégorie et combine décor et ornementation. Dans Danaé, par exemple, le parti pris pour l'art décoratif est évident. Ceci le différencie donc des œuvres de Kokoschka qui sont fondées sur le prisme. Les angles aigus et les aplats de couleur dominent les peintures de cet artiste.
Chez Jelena la croix devient une femme et le « crucifix » est un homme qui danse sur la croix-femme devenant à la fois victime et bénéficiaire de joie (comme dans la vie ! sourire…) ou le crucifix, une femme qui se crucifie ou bien l’est elle même… Moser s'inspire quant à lui des légendes germaniques. Chez François Jelena les légendes sont naturellement hongroises ou antiques. Ainsi Judith et Holopherne s’inspirant de l'histoire de Judith dans l'Ancien Testament, évoque la "femme forte". Il impressionne par la simplification, la rigueur de sa composition et l'autonomie qu'il accorde à la clarté des formes.
« La femme forte » devient chez Jelena la femme émancipée, libre et indépendante, sûre d’elle, cherchant ses plaisirs. Elles sont également représentées par de belles personnes qui donnent, qui se donnent et qui reçoivent, qui souffrent ou qui sont joyeuses.
Chez Moser la couleur et la lumière priment dans ses œuvres. Ainsi Vénus dans la grotte et Le Marcheur ont été créés ensemble comme une paire. La grâce féminine s'oppose à la force masculine. L'ovale domine la composition de ses œuvres. Chez Jelena l’opposition parait aussi dans l’harmonie. « Harmonie en opposition » cette œuvre majeure et populaire présente des corps harmonieux en beauté identique, l’homme est beau tout comme la femme qui est tonique, tout est mutuel et « égalitaire » mais dans une position opposée. Le Marcheur de Moser dont il fera deux versions est à identifier à Odin. Ils emploient ainsi de nombreuses variations chromatiques irradiant de couleurs ses tableaux. Du coup, il s'échappe de ses toiles une certaine énergie. La Lumière, composition monumentale, consacre la puissance des couleurs.
Schiele utilise des sujets plus personnels comme la naissance, l'amour ou la mort. Ses œuvres comme Mère aveugle, Mère décédée ou Agonie, sont réalisées essentiellement à base de motifs ornementaux entrelacés. Les formes s'imbriquent en une sorte de patchwork. Dans Le Visionnaire, c'est le thème de la dualité qui est abordé. Le peintre y est représenté au premier plan accompagné de son alter ego, situé en arrière plan. Or, ce dernier apparaît comme une menace et symbolise la mort proche. Dans cette section, on constate que les artistes abandonnent la perspective pour revenir à la surface réelle des objets sur lesquels ils peignent. Le « Goulag » tableau fort de Jelena a une présence terrifiant d’anciens prisonniers soviétiques ; cette « surenchère » de désespérance s’exprime dans les visages regroupés, alignés en désordre en attendant le pain… la distribution de quoi ? – de l’espérance ? – Non, plutôt de la mort…

Paysages : entre lumière et obscurité…

La partie intitulée "Paysages" présente des tableaux où la nature est très stylisée tout en s'abstenant de classicisme. Les motifs assez conventionnels laissent présager l'abstraction. Ces tableaux ne sont pas pour la plupart le résultat de commandes publiques ou privées. Elles sont réalisées en majorité pour le simple plaisir de l'artiste. Dans la peinture de paysage, il n'y a aucune tentative de narration ou de psychologie ce qui laisse la place libre à la recherche formelle. Chez Klimt comme chez Schiele, la verticalité tient une place importante dans les peintures de paysage des deux hommes. Sur l'Attersee et Étang Marécageux de Klimt, l'étendue d'eau est présentée comme une surface verticaliste où le visiteur doit élever son regard jusqu'à la ligne d'horizon placée en haut de la toile. L'absence de profondeur est évidente car les deux peintres recherchent une structure bidimensionnelle. Ces éléments se retrouvent dans Maisons avec linges de couleur de Schiele. Chez Jelena c’est encore plus stylisé et fonctionnel, voire au deuxième degré, tout est là pour servir un sentiment : l’arbre n’est pas seulement un arbre, mais un élément qui nettoie l’air, qui nous offre un refuge et ses fruits… ou bien il est là par sa beauté, la beauté de sa couronne ; le peuplier parce qu’il est ardent ; le bouleau parce qu’il est « triste »… la rose parce qu’elle est rouge, belle et représente l’amour…

Figures : le point fort des "Sécessionnistes"…

Mais cette exposition ne pouvait se faire sans une section "Figures". Ces hommes n'ont pas grand chose en commun à part leur origine et leur goût pour les portraits. Ainsi les tableaux de figures isolées, d'autoportraits et de portraits de groupe qui sont présentés montrent la manière dont évolue cette catégorie. Le portrait officiel d'apparat est abandonné au profit d'une représentation plus décorative des personnes. L'émotion prime sur la technique. C'est ainsi qu'a émergé le portrait expressionniste. Dans les portraits que réalisent Schiele et Moser, c'est le regard qui prime. Klimt préfère les portraits de femmes alors que Kokoschka peint plus les hommes. Les peintures comme les dessins de ces quatre artistes mettent en lumière la vitalité du monde artistique viennois. - Cette présentation et comparaison ou parallèle proposés a comme but : plonger dans cette ville en pleine mutation en découvrant comment ces peintres ont fait face à ces bouleversements et ont marqué leur temps.
Les portraits de Jelena ont deux directions : la souffrance et la désespérance chez les hommes avec parfois la question dans leurs yeux : « Quo Vadis ? » Chez les femmes la souffrance alterne avec le plaisir …
Wien… En quittant son pays natal en 1980, François Jelena s’arrêta pour deux jours à Wien.
Après 30 ans le retour en 2010… Il organise alors comme Président des Salons Libres Européens une exposition dans le Palais de Schönbrunn, au dessus des appartements de Sissi…Cela se réalise dans le cadre d’un partenariat avec la Fédération des Beaux-arts autrichiens qui est basés au Palais de Schönbrunn. Ensuite il les accueille au Château Seigneurial de Villemomble pour exposer ensemble les artistes autrichiens et français, complétés par les allemands, les hongrois et autres… Des peintres et sculpteurs viennent de Berlin, Bonn, Brème, Bruxelles et Budapest ; le salon portait le nom : « Dialogue Européen » avec Élisabeth Ledersberger-Lehoczky, sa partenaire-amie, vice-présidente.
Budapest… La ville du réveil, humain, politique – les murs gardent encore les impacts des balles de la révolution de 56 --. Cette capitale « magyar » est très artistique, et culturelle. S’improvisent des rencontres inattendues avec l’opéra et la musique classique, le chant, le vin rouge et la tartine de graisse rouge de paprika des tavernes de Buda où la jeunesse intellectuelle se réfugie chantant la musique populaire hongroise : source d’inspiration de Bartók, Liszt, Kodály ou Brahms et Berlioz. Les chansons sont profondément tristes et joyeuses où la mort et l’amour se fondent, (le hongrois a un mot pour ça : « mulatni »). On s’amuse en pleurant…et l’âme « slave » s’envole… et on touche l’infini, en tous cas on le croit et parfois on en est pas loin… Les hongrois ne sont pas les slaves mais de proches voisins… donc le mélange et l’effluence mutuelle est inévitable, son nom aussi vient de là par un arrière grand-père slovaquo-polonais, « Jelen », « Jelena » veut dire : cerf, biche, bichette… comme Hélène (bichette) chez les grecque…) François Jelena, comme ses parents chante merveilleusement : sa voix de baryton, comme un torrent débordant, gronde et fait des chevauchées sonores (une aristocrate à Paris voulait financer pour lui des études de chanteur d’opéra…).
Budapest est le terrain de ses études artistiques et de ses épopées sentimentales ; Valérie, le grand et long amour, avec fiançailles… puis le refus de construire une famille dans un régime totalitaire, il préfère alors renoncer à l’amour et avoir la liberté, même au prix du risque, pour avoir les mains libres et se battre contre ce pouvoir, ce fantôme totalitaire… Ensuite se succèdent les courtes mais multiples aventures ; les belles et brillantes femmes hongroises et souvent juives (les Celli, les Gita, les Zso, les Gabi, les Éva et les Kitty, celle-ci, la dernière, la plus brillante : Maitre et Maitresse à la fois (un Stradivarius de l’esprit et de la sensualité), quel apprentissage ! multi femme et multi plaisirs. Cette période est remplie de fêtes, d’alcool avec, en prime, la volupté ! Une vie riche, culturelle, sensuelle mais de plus en plus décadente où l’artiste brûle la chandelle par les deux bouts…et la mort se déguise en bohème, en clown et rôde…le temps est venu de partir si non, on attaque les tanks à mains nues… La désespérance et la « folie » forment un visage sans peur. François Jelena écrivait ces phrases, mot à mot dans un poème.
Et le « samizdat », les poèmes tonitruants contre le régime totalitaire, les premières manifestations anticommunistes, au risque de sa vie et de sa liberté… Puis le départ forcé ; il faut quitter cette ville magnifique, les promenades sur les collines de Buda couvertes par un joli manteau de neige qui absorbe le bruit mais qui accentue la magie de la lumière en créant une beauté féerique ; le rêve et le merveilleux se marient et grave une empreinte, celle de l’esthétique de l’artiste… (A suivre…)