Poésie de François Ferenc JELENA
L’homme et les oiseaux
- François Ferenc JELENA
L’homme devenu heureux
il était accepté par les oiseaux
depuis qu’il a fait pousser ses ailes
son seul chagrin
il leur a confié quand même:
« - Comment vais-je caresser maintenant
les enfants sans mes bras? »
« - Ce sont eux qui vont te caresser ! »
- répondirent les oiseaux
« - Et toi pour les remercier tu leur
apprendras à faire pousser
les ailes »
Arbres ardents
- François Ferenc JELENA
Arbres ardents mes pareils
peupliers élancés
soyez ployant
fléchissez
au délire furieux du vent
vent de l’Est méchant et malfaisant
Ne lâchez pas la Terre
saintes racines
attention
de ne pas vous briser
Feuillage frémissant
aux yeux brillants
priez en chuchotant
par vos frères déchirés
protestant en annonçant aux confins de la terre
devant les âmes encore nobles
ces milliers de soupirs pourraient
un jour s’épanouir
et changer notre sort ignoble
Ils se déchaînent
vents aux délires furieux
vent de l’Est méchant et malfaisant
Arbres ardents de ma race
peupliers élancés
soyez ployant
Fléchissez jusqu’au sol s’il le faut
arbres ardents mes frères
mais surtout résistez
La vie est sujette à la mort
comme la tyrannie
le méchant devient las
sa force pour toujours détruite
Et ces arbres renaissant à la vie
liberté clamant leurs cris
qui jaillissent vers l’infini
mais sur leurs feuilles argentées
un autre avenir se dessine
Arbres ardents jaillissants
peupliers élancés
moi ce jour
je dois me plier
arbres impérieux
vous avez résisté
La nuit couvre le jour
- François Ferenc Jelena
La nuit couvre le jour
comme une mère couvre l’enfant qui dort
la douceur de la main épousant le rêve
La nuit couvre le jour
comme la mer couvre la terre
l’eau recule - avance
rentre entre les cuisses - rochers ardentes
et ouvertes
Faisant l’amour
comme un doute et la dilemme
transpirant
et mouillant la nuit
La nuit couvre le jour
comme une espérance fatiguée presque morte
caressant décadent désirant sa dame demain
chassant le doute déchirant la corset
bleu marine et l’eau salée
Violer le dilemme
sa jupe sable et bleu nuit
remplient de plaisir et de rêve
Comme un prince noir froid et triste
le noir de moi profond et mélancolique
visage blanc et idées noires dans les rides riantes
comme la nuit blanche et le jour qui se réveille
Le jour qui rêve comme ma nuit blanche
chassant ses idées noires et le presque mort
quand la nuit ouvre le jour
et le doute rêve son amour
Clown
- François Ferenc JELENA
Tu regardes son corps vainement
son visage
son corps est le comédien du sang bleu
qui interprète le valet
son visage est celui du clown
sous ses pieds
le monde est l’arène
La porte du vestiaire
se ferme devant toi
dans le miroir de sa douleur
il se regarde tout seul
Regarde ses yeux
la porte secrète de son âme
Rentre dans son corps
serre dans tes bras
caresse
‘Te laisse entrer
peut-être
et ‘te partage
l’épouvante
de son âme
Ma route tintinnabule
- François Ferenc JELENA
Je vends mon charme
qu’elle vienne la chimère
et le mirage
Se repose
et s’allonge
sur mon bateau
sans voile
et sa poitrine
tremble
et se dévoile
La nuit bleue crie ses plaisirs
pourpre de volupté
hurle la louve
ma lange morde la nuit
torride
et avale extase
et son bouton rose
Nous ramons une nuit
brûlant le feu
épousant d’artifice
je la protège dans la tourmente
dans la tempête
de la faim
ou des loups
Mais à l’aube
quand la nuit se couche
avec la lumière
ma route tintinnabule
et je m’enfui
avec la rivière
Volupté
- François Ferenc Jelena
Une femme est nue
et elle boit du cognac
elle plante
une cigarette dans ma bouche
et elle se plonge sur moi
La volupté se faufile dans mes veines
se mélange avec le goût du tabac
Pour mon bonheur
il manque
seulement
le jaillissement chaud
du sang
de ma poitrine
Sur mon épaule
- François Ferenc JELENA
Tu avais peur des monstres
je t’ai argué
ils n’existent pas
et quand même
je t’ai leurs jeté
te trahissant
les laissant t’abuser
qu’ils marchent sur tes larmes
te quittant
sans caresser ton regard
Te tremblait aux genoux
sur le marbre de la souffrance
Pourtant on était beau ensemble
au printemps
ta beauté dessinait la nôtre
je brûlais le feu
tu brillais le bleu
le noire la nuit
et le blanc le diamant
comme dans le miracle
rêvé par notre amour
existante et l’inexistante
Mon visage sombre le blanc de la toile
le vide peigne son rouge
et l’oiseau noir regarde ton départ
et il se pose ongles dans le sang
sur mon épaule
l’oiseau noir de ton départ
ébouriffe ses plumes en frissonnant
chuchotant sans voix :
« Comme il fait froid
fier souffrant regarde ton œuvre
tueur d’amour
Ton amour
coulé en bronze dur
gelant en glace froide
gardant pour toi
pour ta vie sans elle
sans ses mots
sans voler
ni bouger
pour la triste éternité »
Le silence pleure
- François Ferenc JELENA
Couronne sur mes épaules
tu es moribonde dans mon cœur
je presse l’enterrement
saignante douleur
son médecin c’est la distance
Je viens avec mon adieu
dans la porte ma solitude est agitée
elle m’attend
Le silence pleure
tu le sent
roule et roule la perle
autant de goutte de larmes en couleur
La balançoire sanglote
le perce-bois s’égare dedans
la peinture est nouvelle
Si
je m’y assoie
et Toi
sur mes genoux
tout
tout cassera
Le père prodige
- François Ferenc JELENA
En hommage d’un père spirituel
Qui a choisi les sombres bords… à L. Z.
Quelqu’un manque énormément
ah qu’il s’est préparé depuis longtemps
pourtant parti si soudainement
il a emporté son secret avec lui
et il nous a jeté
Tu as voulu La Grande Maison
pour jouer au Théâtre
où tu tiens tous les rôles
Mais soudain
tout s’écroule
les murs
en dessous toi-même
coupé en deux sur les railles
Combien je voulais encore
apprendre de toi
Tu m’a introduis dans l’affolant
labyrinthe du Mystère
Tu m’as enfermé
« crève »
Tu as arraché de ma bouche
après autant de désert
le manche à eau
tu es parti
tu m’as laissé là
abandonné
- c’est mieux maintenant ?
dites-moi
dorénavant tu joues à qui ?
tu galope entre terre et ciel
en ignorant
mieux jouer la carte avec le diable
ou faire l’amour avec les anges
je te connais
tu a séduis quelques une
comme ici sur la terre
pour combler
ce que tu ne pouvais pas nous faire
Quelqu’un manque énormément
qui est parti soudainement
qui m’a conduit au labyrinthe
du Mystère
en fermant la porte
Depuis je flâne
je ferais le tapage
hurlant ta perte
mais la douleur a brûlé ma voie
pliant sous le fardeau
sur ta peine s’agenouillant
où mon cœur saigne
t’endeuille
sanglotant
Le petit garçon
- François Ferenc JELENA
Le petit garçon rentre dans l’armurerie
il prend un fusil
et tire dans le soleil
Bien qu’il n’avait aucune
parenté avec le garçon au tambour…
vous vous rappelez celui qui
en battant le tambour appelait l’humanité
Et le soleil riait…
« J’ai avalé tes balles »
et il se sentait encore plus utile…
Le Rocher et l’Homme
(Hommage à W. S.)
François Ferenc JELENA
Me cacher c’est impossible
me cacher c’est impossible
Je m’en allais vers le Rocher
pour cacher mon visage
« Jamais je n’ te cache »
dît le Rocher
« Jamais je n’ te cache »
Ô dît le Rocher
Me cacher c’est impossible
« Je m’écroule
je t’écrase
éloigne-toi
je m’écroule
je t’écrase
éloigne-toi »
dît le Rocher
Me cacher c’est impossible
Je m’en allais vers Le Rocher
je l’inondais de mes larmes
« Moi aussi je brûle je souffre
me cacher c’est impossible »
- dît le Rocher
« Moi aussi je monterai aux cieux
comme toi »
- dît le Rocher
« Me cacher c’est impossible »
Femme-arbre la sensuelle
- François Ferenc Jelena
La liberté de la Femme-arbre vous guide
la liberté de la femme libertine
enlace l'homme libertin :
tunnel mouillé
diamant gonflé en rouge
roseau ardent
dynamite dans le sang
volupté mariée
la noce de l'infini
Florenceau
La femme Chevalier
- François Ferenc JELENA
La nuit d’été était brûlante
les éclairs nerveux chassaient l’ébène du ciel
les tonnerres lointains comme un orchestre s’accorde
et prélude l’orage
J’étais allongé comme le prisonnier de la nuit fatale
il y a des tempêtes que l’on doit vivre…
la chaleur me déshabillait tout nu
sur mes muscles vallonnés
comme les perles joyeuses
roulaient les premières gouttes de pluie
Mon bâton de chair a dressé les couleurs
son braquemard ardant
et ses boulettes de Vénus gonflaient son espoir
Mon âme rêvait de son âme sœur
elle se met déjà en tenue de dimanche
embellit sa maison de l’attente
cherchant dans les ombres saturées
les saturnales et sa femme chevalier :
Florenceau
La Rosée de la tempête
comme une certitude de ma vie hésitante
ses chevilles fines
portant des pieds sûrs
pour écraser les serpentes de mes doutes
son sourire d’enjouement
pour laver mes tourments
généreusement
donnant le goût pur pour l’eau incertaine
offrant sa bouche pour sauver la saveur
ouvrant un refuge :
toi pourchassé
viens !
Dans ses yeux brille le mustang de la liberté
son visage est sur
et sévère
elle a la charte de grâce entouré de lumière
nez fier
ligne fine
cheveux courts comme un garçon
offrant à la fois le mâle et la femme
l’Amazone
Florenceau La Rosée
est devant moi
La femme Chevalier de l’orage
le vent fort et curieux la dévoile
elle est nue sous la cape
satin noir
en bottine de cuir
sa cravache frappe sa cuisse
Et le sang de mon sang veut quitter mon corps
mes dunes en muscle tendu
s’offrant
soumise
sont tracées par la grosse cravache
prolongeant son bras volontaire
visitant les valseuses
la flûte de pan-pan
caressant la porte de derrière
prenant le temps sur mes mamelons
finissant sa course sur ma gorge
Ses cuisses s’écartent
en Andromaque
sa parenthèse d’amour se glisse
et avale mon roseau bandant
et la danse démarre
la noce torride des affamés de l’infini
la tempête joue le fortissimo
la baguette de chef d’orchestre est une immense éclair
Mes mains nerveuses cherchent les mannes
l’une tient la boule du valseur
l’autre envoie un doigt
cherchant et caressant
la fraise dans la mousse
gonflant son grain du riz en flageolet
La dense du loup s’accélère
nos cris de délices défient l’orage
nos mamelons se dressent comme les lances
elle veut arracher les miens
Ma bouche attrape sa poitrine
comme un fauve sa proie
l’avale et recrache
mes dents de tigre emprisonnent son mamelon
suçant et mordillant
Nos sangs dans nos veines agissent
comme des milliers des soldats
assoiffé de la bataille finale
roulant l’armée rouge des globules
dans les veines sous pression
pour exploser le dard
et le diamant du canapé
Nos dents s’aiguisent
pour rentrer dans la chaire
ouvrant le sang
offrant volupté et crie
Nos ongles agissent
pour creuser la peau
hurlant la joie
et la douleur
Dans ma bouche le mamelon
de Florenceau
je le mords
l’énorme
comme un enfant affamé
cherchant son lait
le lait rouge
rouge comme le feu
rouge comme le sang de nos sangs
comme la bouche de Florenceau
Dans ma bouche le mamelon de Florenceau
prisonnier de mes dents
hésitant à le mordre
ou avaler comme un cannibale
Ses dents cherchent ma chaire
torturée et mordue
buvant son vin rouge
de mon corps
la surenchère des cannibales
Elle m’empale
attachant sa cravache à son bassin
un bout dans son terrier rose
l’autre bout me viole
elle me viole sans me violer
j’ai tout ouvert pour elle
elle fait tout rentrer
volupté et douleur
La tempête hurle
les éclaires aveuglent les inutiles
c’est notre noce torride
Florenceau
La femme Chevalier de l’orage et moi
la passionne unie
Les deux qui osent
et touchent
l’infini
Une main
- François Ferenc Jelena
Une main touche votre corps
une main caresse mon corps
une main rentre dans votre corps
une main fonce dans mon corps
une harmonie opposée
corps à corps balancé
jouissance bercée
plaisir des sens
nos sens
nos cœurs à deux cents
allumant notre sang
volupté
adoptée
orgasme crié
crées des papillons
de nos rêves
L’amour rouge
- François Ferenc Jelena
Comme l'amour rouge peint par le sang
par les ongles rentrants dans la chaire...
lesquelles creusent dans la douleur
derrière la souffrance dans la volupté hurlante
par les dents emprisonnant le mamelon ardent
par une main fonceuse comme un taureau dans le tunnel
dans le vagin ouvrant
désirant les doigts
voulant avaler le monde
sa souffrance
sa joie
en oubliant le paradoxe de notre existence:
que voulons-nous sur cette terre désorientée ?!
notre petite étoile brille pour qui ?
voiler le doute dans le rêve
dans le plaisir forcé par le désir d'harmonie
Et reposer ma tête sur tes genoux
mains dans les mains
les caressant
buvons le doux silence
on n’ peux rien faire
certes...
mais au moins
nous’ sommes pas seuls...